Avec 39 morts et 65 blessés, la fête a viré au cauchemar à Istanbul à l’aube de la nouvelle année.
Comme à Orlando, comme au Bataclan, comme à Berlin, ils ont voulu étouffer la danse, la fête, la musique, la joie d’être ensemble et les rires.
Nos pensées vont aux victimes, à leurs familles et à leurs ami-e-s. Nos pensées vont à Istanbul et à ses habitants encore une fois touchés par la terreur.
A l’aube de cette nouvelle année, nous voulons réaffirmer que la solidarité, la liberté d’expression et de conscience, la laïcité, l’égalité des hommes et des femmes, le rejet de toute forme de discriminations sont des valeurs essentielles et non négociables.
Nous continuerons à agir pour lutter contre l’obscurantisme et les idéologies fascisantes des auteurs de ces attentats.
Nous continuerons à dénoncer le repli identitaire, le rejet de l’autre, les amalgames et les attitudes complaisantes. Nous ne pouvons comprendre la jouissance inhumaine de ceux et celles qui manifestent leur joie ou leur indifférence face à ces atrocités.
Nous continuerons à agir pour un monde plus juste et plus solidaire. Nous continuerons à croire que l’éducation, le développement de l’esprit critique, la culture et les arts sont sont des moyens bien plus utiles dans la lutte contre l’obscurantisme et la haine.
Nous continuerons à affirmer que l’ouverture au monde, à la diversité des identités et des cultures est une richesse.
En 2017, en dépit et malgré tout nous continuerons à lutter, à débattre, à faire la fête et et à danser pour que l’espoir ne meure pas !
Strasbourg, le 2 janvier 2017
Les ennemis
Ils sont les ennemis de l’espoir ma bien-aimée
De l’eau qui ruisselle, de l’arbre à la saison des fruits,
de la vie qui pousse et s’épanouit.
Car leur front marqué du sceau de la mort,
– dent pourrie, chair décomposée –
ils vont disparaître à jamais.
Et bien, sûr ma bien-aimée, bien sûr,
Sans maître et sans esclaves
Ce beau pays deviendra un jardin fraternel!
Et dans ce beau pays la liberté
Ira de long en large
Magnifiquement vêtue
de son bleu de travail.
Ils sont les ennemis de Redjeb, tisserand à Brousse,
Les ennemis de Hassan, ajusteur à l’usine de Karabuk,
Les ennemis de la vielle Hatdjen , la paysanne pauvre,
Les ennemis de Suleyman, l’ouvrier agricole,
Les ennemis de l’homme que je suis, que tu es,
Les ennemis de l’homme qui pense.
Mais la patrie est la maison de ces gens-là,
Ils sont donc ennemis de la patrie, ma bien-aimée.
Nos bras sont des branches chargées de fruits,
L’ennemi les secoue, l’ennemi nous secoue jour et nuit,
Et pour nous dépouiller plus facilement, plus tranquillement,
Il ne met plus la chaîne à nos pieds,
Mais à la racine même de nos têtes, ma bien-aimée.
Nâzim HIKMET In. POEMES. 1948.
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